La croissance rapide de la population étudiante du système d’enseignement supérieur tunisien au cours des décennies qui ont suivi l’indépendance a posé un défi aux éducateurs et aux administrateurs intéressés par le développement d’un système d’institutions publiques et privées de haute qualité et bien intégrées pour satisfaire les demandes du marché du travail et les intérêts des étudiants. Dernièrement, les inscriptions dans les écoles supérieures et les facultés ont plus que décuplé. Le système d’enseignement supérieur en Tunisie devait donc faire l’objet de vastes réformes et d’une restructuration, réformes qui ont été soutenues dans la dernière partie des années 90.
Un régime d’enseignement bien organisé
L’enseignement supérieur tunisien est actuellement relativement bien organisé, bien doté en personnel et orienté vers la qualité. Toutefois, l’effet combiné de la pression démographique, de l’efficacité interne accrue au niveau pré-universitaire et de l’accès automatique de tous les diplômés du régime secondaire à l’enseignement supérieur entraînera le doublement des inscriptions dans les dix prochaines années. Une telle expansion créera une tension considérable dans les conditions financières, managériales et pédagogiques actuelles.
Ainsi, plusieurs efforts tunisiens ont été faits visant à accroître le volume et la qualité de l’enseignement supérieur, à améliorer la gestion et à accroître la flexibilité du secteur, et à rendre l’enseignement supérieur tunisien plus viable sur le plan financier.
Les spécificités de l’enseignement supérieur tunisien
Secteur public et privé
En Tunisie, l’enseignement universitaire est pratiquement gratuit, et les sept universités publiques et deux ensembles d’instituts publics ne font pas payer de frais de scolarité, mais seulement des frais d’inscription. Les étudiants des universités vivent généralement les deux premières années de leurs études dans des dortoirs, après quoi ils sont libres de louer des appartements. Les frais de logement et de pension sont calculés en fonction du niveau de revenu de la famille, et des bourses sont accordées aux étudiants qui n’ont pas les moyens de couvrir ces frais par eux-mêmes. Les élèves qui ne peuvent pas passer le baccalauréat mais qui sont par ailleurs qualifiés pour des études de niveau supérieur peuvent choisir de fréquenter des universités et des établissements d’enseignement supérieur privés tels que l’université libre de Tunis, l’université centrale… à condition qu’ils aient les moyens financiers de couvrir les coûts de l’enseignement privé.
Procédures d’admission
L’admission aux universités publiques en Tunisie est relativement automatique une fois que les étudiants ont passé le baccalauréat. À la fin de leurs études secondaires, les étudiants indiquent leurs préférences quant aux écoles et aux domaines d’études qu’ils souhaitent poursuivre au niveau supérieur. Plusieurs semaines après avoir passé le baccalauréat, les diplômés apprennent quelle université ou quel institut les a acceptés. Pour les étudiants qui échouent au baccalauréat mais qui ont les moyens d’étudier en privé ou encore les étudiants étrangers, les procédures d’admission varient selon l’école ou l’institut d’enseignement supérieur tunisien auquel ils s’adressent.
Styles et techniques d’enseignement supérieur tunisien
Le style d’enseignement en Tunisie a traditionnellement mis l’accent sur l’apprentissage par cœur d’un programme établi plutôt que sur le développement de la pensée créative, du raisonnement critique et des compétences en matière de résolution de problèmes, une situation problématique constatée dès 1982. Les responsables et les professionnels de l’éducation tunisiens ont reconnu dans les années 1990 que ce style d’enseignement devait être modifié car de nombreux étudiants tunisiens ne pouvaient pas appliquer leur apprentissage en classe à des situations réelles en dehors de l’école.
Les cours universitaires ont généralement été dispensés sous forme de cours magistraux, mais on reconnaît de plus en plus l’intérêt d’intercaler la formation sur le tas, l’apprentissage, la recherche et d’autres formes de travaux pratiques avec les cours universitaires afin que les étudiants puissent apprendre à appliquer les concepts qui leur sont enseignés en classe avant d’obtenir leur diplôme.
Formation professionnelle
L’objectif de toutes les écoles supérieures, qu’elles soient privées ou publiques, est de préparer des professionnels dans les domaines de l’ingénierie, de la technologie et de l’enseignement. Les niveaux d’enseignement supérieurs exigent des diplômes conférés par d’autres programmes universitaires préparant les enseignants et le corps professoral dans des domaines spécifiques d’instruction et d’expertise. En outre, une formation en droit et en médecine est dispensée par diverses facultés du système universitaire situées dans tout le pays. Le ministère de la formation professionnelle et de l’emploi, est chargé de superviser les programmes de formation qui préparent les travailleurs, techniciens et maîtres techniciens qualifiés et hautement qualifiés en Tunisie.
Le système d’enseignement en Tunisie compte parmi les régimes les plus évolués dans le monde. Il est à l’origine d’une formation de haute qualité permettant aux étudiants étrangers et tunisiens de bénéficier d’une pédagogie complète qui s’adapte effectivement aux exigences du marché d’emploi.